Politique scientifique

Trois axes thématiques

1. Âges, entourage

Tout un ensemble de travaux, programmés ou d’ores et déjà amorcés, par les chercheurs de l’équipe, approfondit la réflexion menée de longue date au CeRIES sur les âges de la vie (effets du vieillissement, socialisation juvénile, sociabilité enfantine), les situations de dépendance ou de handicap, mais aussi l’action des proches et des professionnels en charge de ces publics. Dans cette perspective, nous accordons une attention particulière à la redéfinition des rapports intergénérationnels, aux discriminations par l’âge et aux effets de l’injonction à l’autonomie, qui pèsent à la fois sur les personnes handicapées ou dépendantes et sur leurs entourages directs.

2. Santé, Vulnérabilités

Depuis plusieurs années, le CeRIES accorde une attention particulière aux dimensions sociales de la maladie et aux questions sanitaires qui occupent une place croissante dans nos sociétés. La santé est un enjeu majeur de notre vie quotidienne, tant dans la sphère publique que dans la sphère privée. Les dispositifs médicaux (qu’il s’agisse du dépistage médical, du prélèvement d’organes et des greffes, ou de la santé mentale) et les pratiques professionnelles sont au cœur des recherches menées au laboratoire. De même, plusieurs travaux se situent au croisement de la santé et des vulnérabilités : c’est notamment le cas des recherches qui portent sur les enfants pauvres, sur les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou encore sur les soins palliatifs.

3. Villes, Citoyenneté

Dans le sillage des recherches menées depuis longtemps au CeRIES sur le rapport au politique et à l’action collective dans des « sociétés d’individus », un plus grand nombre de travaux met désormais l’accent sur les transformations historiques et les formes contemporaines de la participation politique et citoyenne. Ces recherches, qui portent à la fois sur des terrains proches et lointains (Brésil, Canada), visent à saisir les métamorphoses du fait démocratique en conjuguant une perspective diachronique et des enquêtes ancrées sur un territoire donné ou centrées sur un enjeu précis (gestion de l’eau, participation aux dispositifs de la politique de la ville, etc.), des enquêtes qui structurent minutieusement les différentes facettes de l’implication citoyenne ou de l’ « infrapolitique » contemporaines.

Deux axes transversaux

Sociologie des épreuves et des parcours de vie

Il s’agit, dans cette perspective, d’articuler les niveaux « macro » et « micro » en analysant les différentes « épreuves » auxquelles sont successivement confrontés tous les individus dans une société donnée. La grille analytique des « épreuves », mobilisée dans de nombreuses recherches conduites au CeRIES, se révèle particulièrement heuristique pour saisir par exemple l’expérience du travail scolaire, de l’engagement politique, de la maladie ou du grand âge, en faisant apparaître les tensions – déstabilisantes, voire destructrices – que subissent les individus. Cette orientation de recherche sera poursuivie au cours des années à venir en élargissant le répertoire des « épreuves » étudiées, ce qui devrait permettre, d’une part, d’affiner l’analyse du processus d’individuation, et, d’autre part, de mieux appréhender la dynamique des parcours de vie.

Approches sociohistoriques

Une autre approche privilégiée par plusieurs chercheurs du CeRIES consiste à bâtir une sociologie informée par l’histoire, afin d’inscrire l’analyse des phénomènes étudiés – à commencer par l’individualisation et la capacité d’action des individus – dans l’histoire qui les traverse et les travaille. Dans cette perspective, si l’histoire est importante, c’est bien parce qu’elle peut nourrir la réflexion sociologique, et ce de deux manières : d’un côté, il s’agit d’étudier ce qui nous est contemporain à la lumière du passé afin d’en éclairer la nouveauté, la portée ou les enjeux ; et d’un autre côté, le recours à l’histoire consiste à faire du contemporain et des problèmes qui sont les nôtres le résultat inédit d’une succession de transformations historiques, dont il est alors pertinent de suivre le cheminement. Mais au-delà des spécificités de chaque recherche, les approches sociohistoriques que certains membres du CeRIES ont en commun de s’affranchir des lignes de démarcation disciplinaires et de considérer que les archives et les documents délimitent un « terrain » d’enquête que le sociologue peut aussi arpenter avec profit. Ce parti pris guidera tout un pan des recherches menées à l’avenir au sein du laboratoire.